Publié le 03/04/2020

« MI-TEMPS POUR LES JOUEURS, REPOS POUR LES SPECTATEURS… »

Ce slogan vantant les mérites d’une boisson houblonnée et alcoolisée était diffusé à chaque mi-temps des rencontres qui se disputaient dans « l’antique » Parc des Princes. Je le conserve sur l’étagère de mes souvenirs, sonores et d’enfance, que j’ai emmagasinés.

Depuis, les choses ont bien changé. Exit ce genre de « réclame ». La Loi Evin interdisant la pub pour l’alcool est passée par là ; les  bulldozers et les pelleteuses également.

C’est donc dans une enceinte moderne, celle que nous connaissons actuellement, que les BLEUS d’une génération dorée ont été consacrés Champions d’EUROPE en 1984. Michel HIDALGO était aux « manettes », à la fois : le guide, le confident et le mentor.

A la mi-temps du « confinement », nous avons appris dans la discrétion sa disparition. Pour lui rendre hommage, je ne retracerai pas la carrière du joueur, du sélectionneur, de l’entraineur. Ayant eu l’occasion de côtoyer cet homme brillant, lumineux et attachant, j’apporterai, en deux temps, un témoignage personnel.

PARIS – ANNEES 80

La veille d’un match amical qui opposait la FRANCE à l’IRLANDE du NORD, une quarantaine de « Jeunes Dirigeants de Districts » étaient invités à une journée de travail organisée par et à la Fédération. Michel HIDALGO, très attendu,  intervint sur un module. A l’aide de mots justes et précis, de phrases ciselées, d’exemples judicieusement choisis, il captiva son auditoire. Il attira l’attention des participants sur l’exemplarité, la mentalité, l’état d’esprit nécessaires pour devenir et rester un Dirigeant de qualité ou un Educateur qualifié. Nous ne vîmes pas passer le temps.

En début de soirée, l’on me demanda s’il m’était possible de raccompagner Monsieur HIDALGO à VALBIEVRE situé au sud de PARIS– lieu de rassemblement des Internationaux. Le Centre Technique  National de CLAIREFONTAINE était alors seulement en cours d’édification. 

C’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai accepté et accompli cette « mission ». Tout au long du trajet nous avons échangé dans la cordialité sur sa vie, son parcours, son passage à REIMS et surtout à partir des valeurs morales et humaines auxquelles il était profondément attaché.

Arrivés à destination, les joueurs avaient déjà regagné leurs chambres, nous avons prolongé un court moment la conversation en compagnie de Membres du Staff Tricolore. Plus tard dans la soirée, je suis reparti heureux et conquis par tant de charisme, de gentillesse. Gentillesse est à prendre – présentement – dans le sens le plus noble du terme. Gentillesse n’étant en aucun cas synonyme de faiblesse.

 

CERCLE COLBERT REIMS ANNEES 90

 Consultant, il vint à REIMS – ville et club chers à son cœur – pour animer une conférence dédiée aux méthodes de management en entreprise. Sa prestation fut de très haut niveau. Il réunissait tous les ingrédients pour captiver l’assemblée. Il présenta des recettes applicables en matière de relations humaines et de commandement. Il préférait et recommandait de fonctionner à partir d’un mode « démocratique » plutôt que celui dit  « autoritaire ». Il reconnaissait que, des deux, le mode « démocratique » était d’un emploi plus difficile ; mais il arrivait à  persuader en démontrant les avantages y attachés.

Il plaçait fréquemment et plaisamment en parallèle le sport et l’entreprise. Tout le monde  apprécia amplement la clarté de ses propos, la pertinence des réponses données lors des débats, les anecdotes et les expériences vécues qu’il a continué de développer lors du diner. J’avais eu le droit à une salutaire et  agréable « piqure de rappel ».

ET DEPUIS ?

Depuis, j’ai continué de vouer une profonde admiration pour cet homme chaleureux, pudique, émouvant. A partir des interventions diffusées via la presse écrite, radio ou télévisuelle, des déclarations et commentaires qu’il dispensait publiquement, je cherchais en permanence à enrichir mes compétences et parfaire mes connaissances. C’est le prix à payer par les autodidactes pour espérer « s’en sortir ».

De cet excellent communicant, je retenais les mots forts et les locutions spécifiques qu’il employait toujours avec grande précision et à-propos tels que : Apprendre en permanence. Jouer. Echanger. Ecouter. Comprendre. Cultiver panache et brio. Intelligence dans le jeu. Beauté compatible avec efficacité. Respecter l’Homme, les règles. Rester exemplaire, humble, modeste. Ne jamais oublier d’où l’on vient.

J’ai compris qu’en approchant et écoutant cet homme possédant une telle aura, émettant un tel rayonnement, que l’on pouvait apprendre plus en deux rencontres qu’en des années de discours lénifiants et anesthésiants.

Michel HIDALGO nous a quittés sur la pointe des pieds en ce début de printemps tourmenté. Nous attendrons la fin de la seconde mi-temps du confinement en espérant qu’il n’y ait pas de prolongations ni de tirs au but et encore moins un match (sans ?) retour, avant de Lui rendre un hommage ensoleillé au début de l’été sur les chemins des terrains retrouvés.

ALORS, POUR DEMAIN ?

En attendant des jours meilleurs, gardons confiance et courage pour traverser sans trop d’encombres l’épreuve, autant cruelle qu’inattendue, que nous vivons depuis près d’un mois ; et ce n’est pas fini…

Saluons comme aurait su si bien le faire le « poète du beau jeu » à qui j’ai consacré ce modeste billet.

Applaudissons pour remercier tous les personnels de santé qui combattent sans cesse pour sauver des vies aux risques et prix des leurs ; celles et ceux qui continuent de travailler contraints et parfois forcés pour assurer un minimum d’activités indispensables à notre Société. Elles, Ils sont exemplaires, œuvrent inlassablement en toute humilité pour nous servir. Leur courage, leur abnégation, leur dévouement sont dignes d’éloges, éloges qui ordinairement sont réservés aux stars du ballon rond .

L’on découvre, même s’il nous manque, qu’il n’y a pas que le foot dans la vie !

Il y a eu un avant, il y aura un après à COVID 19,  Relativisons et restons solidaires.

 

Le Président

G. CASSEGRAIN